Fouché – Stefan Zweig

fouché

Joseph Fouché (1759-1820) a servi et manipulé la République, le Directoire, le Consulat, l’Empire, la Monarchie. Impavide et sagace, il enfila la trahison comme une seconde peau. Il passa de l’Eglise à la Révolution et de la Révolution au pillage d’églises. Il vota la mort de Louis XVI après s’être prononcé pour sa grâce. Ministre de la Police à la tête d’une armée de mouchards, il fascinait et inquiétait Bonaparte. Il mêla ses affaires à celles de l’Etat et devint richissime. Zweig ne diabolise pas Fouché. Il sonde ce que Balzac appelait son  » singulier génie « . Il éclaire aussi des enjeux plus contemporains : la politique est très rarement le domaine du bien, mais plutôt celui du crime, perpétré par des diplomates  » aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés « 

Premier contact avec les biographies de Stefan Zweig, sur un personnage qui me fascine. J’avoue l’avoir lue facilement et rapidement, notamment grâce au style de l’auteur qui sert extrêmement bien le portrait ambivalent de son sujet.

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du challenge « Sur les traces de Stefan Zweig » proposé sur le blog de Miss Alfie.

Le Souper – Jean-Claude Brisville ****

Paris, 6 juillet 1815. Alors que le peuple se pose de sombres questions sur son avenir après la défaite de Waterloo, deux hommes soupent à huis clos, Talleyrand et Fouché. Ils vont se livrer à un duel verbal dont l’enjeu est l’avenir de leur pays. Talleyrand a rallié Louis XVIII et prône la restauration quand Fouché a jadis voté la mort de son frère Louis XVI. (Editeur) 

Quel texte !!

Cette pièce devrait suffire à réconcilier le monde entier avec la lecture du théâtre.

Une écriture sublime, des réparties magistrales, un duo, un duel, une joute sublime.

Initialement interprété (formidablement) par Claude Riche et Claude Brasseur, le texte est servi par Patrick Chesnais et Niels Aarestrup actuellement.

extraits : 

(on entend quelques coups de feu dans la rue)
FOUCHÉ: Pourquoi tiraillent-ils encore?
TALLEYRAND: Parce qu’ils ne sont pas contents. Et vous savez ce qu’est un mécontent, Fouché? C’est un pauvre qui réfléchit.

(…)

TALLEYRAND – Vous n’aurez jamais de rival à la police, et le roi ne l’ignore pas. Avec une bonne police, il ne peut y avoir qu’un bon gouvernement puisque personne n’ira dire qu’il est mauvais.

(…)

TALLEYRAND – j’ai toujours froid, Monsieur Fouché. Même quand il fait chaud. C’est de nature. (il regarde Fouché fixement). Et puis il y a quelque chose en vous…d’hivernal.