Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d’amour d’un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que «ça ne pardonne pas» et parce qu’il n’est «pas nécessaire d’avoir des raisons pour avoir peur». Le petit garçon l’aidera à se cacher dans son «trou juif», elle n’ira pas mourir à l’hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré «des peuples à disposer d’eux-mêmes» qui n’est pas respecté par l’Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu’à ce qu’elle meure. (Éditeur – 4ème de couverture)
La claque.
Je ne sais pas pourquoi j’ai autant trainé pour le lire. Pourquoi je n’avais jamais franchi le pas.
Ou plutôt je sais : on ne m’avait jamais expliqué que Romain Gary était si formidable.
Entendons-nous bien : je savais que c’était ce qu’on en disait. Tous ceux qui en parlent sont unanimement dithyrambiques. Mais sans savoir de quoi il s’agissait réellement.
Je ne saurais pas non plus dire ce qui m’a finalement poussée à le lire. La curiosité sûrement. Et puis le sentiment que désormais, bien loin des années lycées et des lectures imposées, je suis à-meme de m’enthousiasmer pour des auteurs français qui me semblaient rebutants il y a 15 ans. La facilité aussi en partie : je l’avais sous la main. Peut-être l’instinct aussi.
Grand bien m’en pris.
La justesse, la poésie, l’humanité de ces deux personnages dont les destins sont liés, servis par une langue magnifiquement ciselée, c’est de l’orfèvrerie.
Il faut lire « La vie devant soi », et ne pas attendre d’avoir 30 ans. Même si je ne le regrette pas : cette découverte tardive m’a enchantée.