L.C. TYLER et deux romans

J’avais noté dans un petit coin, d’avoir à lire deux titres qui m’attiraient de L.C. TYLER : « Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage » et « Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire ».

Attirée par l’humour anglais qui semblait dominer ces deux livres, et par l’intrigue joliment décrite, je commençais par le suicide dans la Fiat avant de me jeter dans les homicides multiples (et c’est évidemment dans cet ordre là qu’il faut aborder ces deux livres puisque l’on retrouve les mêmes personnages en fil conducteur).

@WonderNaddie a parlé de ces deux titres avant moi ici et . Je vous invite à la lire car je ne partage pas du tout son avis.

D’humour anglais, je n’en ai guère vu, l’intrigue est si peu intrigante qu’on devine très rapidement la fin de l’histoire (que ce soit pour l’un ou l’autre). L’avantage c’est que les deux se lisent vite. Et c’est tant mieux car on est à la limite de l’ennui….

Là où je suis d’accord avec son analyse, c’est sur l’attachement aux deux personnages principaux.

Rien d’autre. Ha si, j’approuve quand Naddie parle de ces romans en termes de « simili polar décalé ».

Bref, rien de transcendant en réalité.

L’Hermine était pourpre de Pierre Borromée ***

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Quand la justice est plus disposée à ouvrir les parapluies que les portes des prisons…
Assumant le désordre des avocats, le Barreau est une confraternité
Où les robes peuvent cacher les armes
de la vengeance,
Où l’hermine s’ensanglante…

Les « flics » et la basoche s’accorderont toujours sur la blanquette de madame George, payée en renseignements plutôt qu’en espèces. Plus savoureuse, plus précieuse encore pour les enquêteurs, la chance de croiser la meilleure d’entre eux, petite fée exemplaire, maître ès générosité !

Vous aviez demandé la police ? La voici, souvent incomprise, parfois hésitante, ici décisive !

 

Un meurtre, un suspect tout trouvé : son époux, Avocat ! et voici la machine judiciaire qui se met en branle pour prouver qu’il est coupable, ou au contraire, pour l’innocenter.

L’intrigue est convenue et l’on devine assez vite le dénouement. D’où les 3 étoiles et pas plus.

Ce qui est plus appréciable et dont je me suis délectée, ce sont les petites phrases résumant assez bien, je trouve en tous cas, le quotidien des policiers / gendarmes, avocats et magistrats plongés dans le même dossier. Tous en prennent pour leur grade, pour notre plus grand bonheur du coup.

Voici quelques citations qui m’ont fait rire et sourire tellement elles reflètent une réalité judiciaire connue :

« Il espérait encore décrocher son bâton de maréchal : il rêvait de finir dans la peau d’un Procureur général à la tête du parquet d’une cour d’appel de province. L’essentiel de son temps était consacré au calcul des statistiques criminelles que lui réclamait régulièrement une Chancellerie avide de chiffres »

« Coupable ou pas, peu lui importait : il n’allait tout de même pas en plus se poser la question en son âme et conscience. Ses scrupules n’allaient pas jusque là. Il instruisait méthodiquement, et avec un talent redoutable, toujours à charge, en vertu du principe qu’il valait mieux dix innocents en prison, qu’un coupable en liberté ».

« Vous me permettrez de m’étonner, messieurs, que votre justice, dès lors qu’elle se trouve impuissante à élucider un crime, en soit réduite à se tourner contre les victimes, pour les transformer en coupables! »

« Le brigadier chef lui lança :

– Quand je pense que ces couillons de juges et d’avocats vont nous les faire sortir dès demain matin. On se demande à quoi on sert ? Et pourquoi on protège leur Palais hein ? »

 

Deux gouttes d’eau de Jacques Expert ****

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J’aime beaucoup Jacques Expert. Je l’ai découvert il y a quelques années en flânant dans les rayons « policiers » d’une librairie.

Tout naturellement, j’y suis revenue.

Le résumé était alléchant : une femme assassinée, son petit ami clairement identifié et identifiable sur une vidéo-surveillance et la faute rejetée sur un jumeau.

De là naît le nœud de l’histoire : les jumeaux s’accusent mutuellement et sont strictement indifférenciables, comme deux gouttes d’eau !

Alors qui ? Pourquoi ? Comment ? C’est la lourde tâche dévolue à Robert Laforge, divisionnaire chargé de l’enquête.

Et l’on devient Robert Laforge au fil des pages, on se pose des questions, on découvre la personnalité des jumeaux, on se prend à en accuser un pour mieux disculper l’autre et puis, quelques pages plus tard, on fait le cheminement inverse.

Il nous tient en haleine jusque la fin du livre, lequel se dévore en quelques heures tellement l’histoire est prenante.

A lire sans modération donc !

 

Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire – L.C Tyler 

Extraits, réflexions au fil de la lecture, je vous propose de découvrir ensemble ce nouveau titre, décalé et aussi délicieusement british qu’il se doit (voir le premier ici)

Cette fois-ci c’est Elsie, l’agent d’Ethelred, qui commence cette narration à deux voix.

Évidemment, je ne pouvais pas savoir que, dans un hôtel bourré de philatélistes, les clients allaient tout à coup de mettre à s’entretuer. Ce n’est pas vraiment le genre de chose qu’on prévoit n’est-ce pas ?

C’est manifestement la suite directe du premier. Autant éviter de se faire avoir. 

Si je puis me permettre de m’arrêter un instant pour vous donner un conseil, n’employez jamais l’ironie avec les contractuels anglais, les douaniers américains ni les policiers français. Pour une raison qui m’échappe, il n’y en a pas un qui pige. Pas un. 


[…] une espèce de sourire fouines que passa sur son visage […]. On ne lui aurait même pas vendu Judas au prix fort.

Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage – L. C. Tyler ***

 

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Lorsque son ex-femme, Géraldine, disparaît, Ethelred décide donc de mettre à profit ses talents de détective pour la retrouver. Petit problème : les connaissances en criminalité d’Ethelred, écrivain professionnel, proviennent de romans policiers tout droit sortis de son imagination qui, depuis un moment, s’est, elle aussi, volatilisée. Quoi de mieux, pour retrouver l’inspiration, qu’une enquête grandeur nature ? De fausses pistes en révélations renversantes, la réalité dépasse de loin la fiction… (Éditeur) 

J’ai, sans en connaître la cause, une passion pour les titres aussi longs qu’alambiqués. 

Forcement celui-là m’avait sauté à l’œil. 

Au moment d’attaquer sa suite, merveilleusement intitulé « Homicides multiples dans un hôtel miteux des bords de Loire » (et dont je vous parlerai), je profite pour vous mentionner le premier, qui m’avait beaucoup plu. 

Un style original pour un simili-polar décalé et bien fichu. 

Il en respecte tous les codes, pour les détourner et en faire un objet litteraire propre. 

J’ai été séduite par les personnages, et agréablement surprise par la construction de l’intrigue. 

La petite pointe d’humour anglais réhausse plaisamment un roman réussi.