Alors voilà : les 1001 vies des urgences de Baptiste Beaulieu *****

Oui n’ayons pas peur : 5 étoiles et il les mérite amplement. @WonderNaddie m’a fait découvrir Baptiste Beaulieu et c’est une pépite qui se dévore.

Alors voilà le récit au quotidien d’un apprenti médecin qui joue des claquettes entre les différents services des Urgences avec ses co-internes. Là, pendant sept jours, il décrit à une patiente en stade terminal ce qui se passe sous les blouses et dans les couloirs. Pour la garder en vie le temps que son fils, bloqué dans un aéroport, puisse la rejoindre.

Se nourrissant de situations bien réelles, vécues par lui ou par ses collègues, chirurgiens ou aides-soignants, Baptiste Beaulieu passe l’hôpital au scanner. Il peint avec légèreté et humour les chefs autoritaires, les infirmières au grand cœur, les internes gaffeurs, les consultations qui s’enchaînent, les incroyables rencontres avec les patients…

Par ses histoires d’une sensibilité folle, à la fois touchantes et drôles, il restitue tout le petit théâtre de la comédie humaine. Un bloc d’humanité.

Il est plein d’humour dans les situations qu’il décrit, mais egalement émouvant dans les rencontres qu’il fait.  Il se moque gentiment de lui, de ses collègues, de sa vie d’interne, des patients qui viennent aux urgences pour une boîte de doliprane. Il s’attache à eux, ceux qui entrent dans sa vie pour 5 minutes, quelques heures, une éternité et nous aussi, on rit, on vibre, on pleure en suivant le fil de ses histoires. Et il en a tellement à raconter ! On les dévore en tournant les pages et en espérant a chaque fois une fin merveilleuse. Mais il nous décrit des choses poignantes et tristes avec une sensibilité qui se dessine et que, parfois, souvent, il cache derrière cet humour acide et tordant. Il faut le lire. Vraiment. Si vous n’etes pas convaincus, quelques petites phrases piochées au hasard des pages pour finir de vous convaincre :

« Chef Pocahontas est un petit bout de femme qui regarde la Mort droit dans les yeux, l’air de dire : « J’ai fait douze ans d’études, pétasse. » « Je n’aime pas le mot « mort ». On ne meurt pas : on chevauche un étalon arc-en-ciel qui vous emmène faire du rodéo dans les nuages au son de Lucy In The Sky With Diamonds» « Sachant que les symptômes de Melle sont : mal au ventre, nausées, sensibilité de la poitrine… à quoi pensez-vous ? Petit indice : c’est comme une longue gastro-entérite, cela dure neuf mois et fait « ouin-ouin » quand ça sort… » « Adrien, six ans, mal à la gorge. Adrien est une incitation vivante à ne surtout pas oublier les préservatifs, même ceux au goût déplaisant. » « C’est la faute aux banques. J’ai hésité entre ça et le réchauffement climatique. Deux explications très plausibles à notre époque. La première solution paraissait plus crédible. »

Et tu n’es pas revenu – Marceline Loridan-Ivens et Judith Perrignon ****

index« J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. » – extrait –

Bouleversant. Sublime.

Déportée, revenue, Marceline Loridan-Ivens s’adresse à celui qui lui aura manqué toute sa vie.